samedi 8 décembre 2012

Pourquoi le bassin du Congo ?

Le Bassin du Congo connaît un fort essor économique grâce aux revenus du Pétrole, de l’exploitation forestière et de l’industrie minière. L’accès au réseau pourrait favoriser d’une part les échanges entre les entreprises des filières, les marchés internationaux et les autres acteurs pour pérenniser le développement. D’autre part les acteurs locaux auront facilement accès aux cours des matières premières. 

A une époque où l’agriculture traditionnelle est mise en avant en Europe, les populations africaines possèdent un patrimoine agricole associé au respect de la biodiversité. Un équilibre qui semble être recherché par les pays du Nord. Une connexion Internet permettrait donc un échange international très important pour le maintien de l’agriculture paysanne et biologique, la protection des cultures et l’alimentation. Puis elle place l’agriculteur au centre des échanges internationaux en améliorant sa connaissance sur l’évolution des prix des denrées. 

Les travaux d’inventaire du patrimoine local dans le bassin du Congo sont en cours de gestation. La richesse du patrimoine local peut être valorisée par des partenariats entre les collectivités territoriales, les universités et la société civile par le biais de l’Internet. Il serait primordial d’éviter l’introduction de dérives culturelles liées à l’abus de l’internet (jeux d’argents, sites prohibés…). 

La problématique du livre et l’accès à la connaissance se pose dans le bassin du Congo en termes de faiblesse de bibliothèque (ou centre de documentation), de faiblesse de l’offre quantitative et surtout de la disparité. Internet peut être assimilé à une bibliothèque évolutive à l’échelle mondiale. L’accès au réseau correspond donc à l’accès aux sources bibliographiques, universitaires, publiques nécessaires à la recherche, à l’éducation et à la formation professionnelle. 

Après plus d’une décennie de politiques publiques de développement du réseau, l’heure est au constat…


En 2003, les Nations Unies reconnaissent[1] déjà que la plupart des réseaux de télécommunications en Afrique se caractérisent par l'insuffisance de leur bande passante (la quantité de données transmises par une ligne de communication) et par la cherté des appels. Si depuis une dizaine d’années, des efforts d’extension du réseau et des services ont été réalisés par les opérateurs du secteur privé, la connexion à Internet reste à bas débit pour la majorité des usagers. Au cours du temps, différentes TIC ont fait apparition dans le quotidien des populations. Prenons l’exemple du Congo Brazzaville :
-          Les ordinateurs sont rencontrés majoritairement dans les cybercafés puis au bureau. Le coût du matériel informatique ne permet pas à tous les ménages de s’équiper (le smic au Congo s’élève à 60€ au moment où un Netbook coûte 200€). Cependant on observe une augmentation des abonnés à Internet au domicile dans les deux grandes villes du Congo (Brazzaville et Pointe-Noire).
-          Les téléphones se sont répandus parallèlement au développement des réseaux téléphonique sans fil. Ces dix dernières années les deux principaux opérateurs du Congo ont relié les villes principales aux agglomérations secondaires et tertiaires du Congo en fournissant les services Appels, Sms et Internet. Les stratégies commerciales de certains opérateurs locaux proposant l’accès aux différents réseaux sociaux via internet mobile en illimité, ont initié un engouement réel dans une catégorie de la population : lycéens et étudiants.
A contrario des offres en illimité, le coût des téléphones capable de se connecter (via le réseau Edge, 3G, Wifi…) et le coût des cartes de recharge d’unités pour surfer librement sur tous les sites représente de réels freins.
-          Les clés et modems de connexion mis en vente par les opérateurs sur le marché présentent deux inconvénients majeurs : la faiblesse du débit qui rend les connexions quasiment impossible en journée et le coût. Les opérateurs téléphoniques présentent des offres d’abonnement à Internet qui oscillent entre 30 et 45 € par mois tandis que les Fournisseurs d’accès à Internet ont des offres qui oscillent entre 150 et 300 € par mois (hors coût d’achat du matériel).
-          Les réseaux satellites sont essentiellement utilisés par les opérateurs privés en attendant le raccordement par fibre optique et le développement de ce nouveau réseau.


[1] MUTUME Gumisai, L'Afrique lutte contre la fracture numérique, Les nouvelles technologies de l'information transforment la vie de ceux qui y ont accès, Afrique Relance, Vol.17#3, 2003

Des enjeux au Nord ?

Les enjeux de l’Internet et des TIC dans le développement du bassin du Congo sont à mettre en parallèle avec les enjeux de développement environnementaux et économiques et notamment celui du recyclage des Déchets d’Equipements Electriques et Electroniques DEEE en Europe et plus particulièrement en France. Selon le WeeeForum[1] qui regroupe 41 éco-organismes européens, la France a engendré 73 483 t de DEEE en 2011. Si ce chiffre reste une évaluation approximative des déchets annuels totaux, force est de constater que les ménages gardent encore leur DEEE à la maison sous la forme d’outils usés, démodés ou encombrants. Le gisement représente 1,7 million de tonnes en France selon ADEME. 

Aux enjeux économiques, notamment dans la création d’une filière de recyclage, de la création des emplois, de la régénération des matériaux recyclés comme le fer (18% des DEEE en 2011) se mêlent des enjeux environnements et sociétaux. Le recyclage des déchets DEEE serait en premier temps une alternative à l’exploitation des ressources minières, et ensuite, un moyen de lutte contre la pollution (5% de polluants sécurisés et 4% de plastique). 




[1] WeeeForum : European association of Electrical and Electronic Waste. Sa mission est de fournir une plate-forme pour la coopération et l'échange des meilleures pratiques sur le traitement des déchets DEEE. Il forme un centre de compétence qui permet aux membres de faire des contributions constructives au débat général sur les questions de politique des déchets électroniques.

Pourquoi les populations du bassin du Congo ont-elles tant besoin des nouvelles technologies de communication ? Est-ce que ces dernières représentent des enjeux de développement ?


Au centre des enjeux de développement multiples, les accès à l’Internet et aux Technologies de l’Information et de Communication TIC renvoient aux leviers culturels, politiques et socio-économiques[1]. Quelques exemples font éclaircir notre vision.

Premièrement sur le plan socio-économique l’Internet et les TIC permettent la réalisation de gains de productivité et d’efficacité, le développement du e-commerce et l’expansion des transactions. A cela il faut ajouter la création de nouveaux services et emplois liés aux métiers de l’internet, de la communication, de la bureautique mais aussi des secteurs classique de la formation, de l’agriculture, de l’industrie et de la santé.

Deuxièmement, sur le plan politique, les enjeux sont, pour les pays du Sud, d’accéder et participer aux échanges des informations (rapports, législations, accords, fonctionnements) relatives aux institutions nationales et internationales. Par conséquent, ces territoires pourront participer au mieux à la coopération internationale décentralisée.

Troisièmement sur le plan culturel, les enjeux sont la valorisation du patrimoine locale et le vivre ensemble.

En somme, Internet est un vecteur important dans la résolution des Objectifs du Millénaire pour le Développement que tous les pays du bassin du Congo sont décidés à atteindre.



[1] BOULC’H Stéphane, COTA- Fiches Communication, Changement social et développement participatif 2005

A l’époque du développement des nouvelles technologies, l’accessibilité à Internet est-elle égale pour tous ?

La mondialisation s’est accompagnée de l’extension des réseaux de communication et de l’augmentation du flux des informations échangées dans le monde. Cette observation place Internet parmi les vecteurs de développement. Les réseaux qui constituent un maillage entre personnes publiques et privées au-delà des frontières, se développent de manière inégale dans le monde. De nombreux territoires du globe font face aux limites de l’accès à Internet. La fracture numérique prend alors des formes diverses en fonction des continents, des pays et des régions… Dans les pays du Nord les indicateurs d’accès à internet s’intéressent aux nombres d’abonnés et au nombre d’utilisateurs. Or ces indicateurs semblent être biaisés dans les Pays du Sud compte tenu du coup de la vie. Prenons l’exemple du continent africain qui présente une dualité. Les territoires aux extrémités, Afrique Australe et Afrique du Nord, rassemblent l’essentiel des connexions Internet du continent. A contrario du reste de l’Afrique qui bénéficie d’une faible couverture de réseau Internet, il convient de s’intéresser à de nouveaux indicateurs[1] pour comprendre la fracture numérique. Cette dernière montre que les accès à l’Internet et aux Technologies d’Information et de Communication TIC sont freinés par des problématiques connexes : la faiblesse des réseaux électriques, le coût des nouvelles technologies, la répartition des antennes relais, la formation à la bureautique…

Ce constat frappe notamment le bassin du Congo tant sur les populations urbaines que sur les populations rurales. Dans cette sous région, le développement d’Internet est au cœur de multiples enjeux transversaux.




[1] Nouveaux indicateurs : Télédensité (nombre de lignes téléphoniques fixes rapporté à la population)., à la Densité d’utilisateurs d’Internet, Densité d’ordinateurs connectés, Densité de Fournisseurs de Services Internet (Cyber café, Fournisseurs d’accès…) et Densité de débit international.